Aujourd’hui, je laisse la parole à Dominique. Cette femme, qui vient de compléter un AVAC2C (accouchement vaginal après 2 césariennes) après avoir vécu 2 césariennes et 2 fausses-couches. Son histoire m’a permis de confirmer à quel point l’introspection et la préparation peuvent influer sur le cours des choses. Nous portons tous des bagages qui ne sont plus ou n’ont jamais été les nôtres, alors comment comprendre ce qui se cache derrière nos défis, nos échecs, nos peines ou nos doutes?
Même s’il semble y avoir plusieurs chemins, nous n’écrivons qu’une seule histoire! S’il y a plusieurs versions, il n’y a qu’une seule vérité, celle que l’on croit, celle que l’on choisit, celle que l’on suit, celle qui nous porte.
Il est prioritaire de faire de la place à son histoire, sa vérité, guérir de son passé et se libérer de ses blocages car tout cela aura une grande influence sur la globalité de notre expérience!
Le principal défi de l’AVAC est de surmonter ses doutes alors que l’on a l’impression que notre corps a déjà failli ou échoué. Le moment souvent le plus difficile est « LE NOEUD », c’est le moment où les choses ont basculé lors de la naissance précédente, ce sera le mur à surmonter. C’est à ce moment que la qualité de soutien et de présence des gens autour est primordiale.
Parfois, on garde une grande culpabilité envers soi, parfois on jette le blâme sur autrui. Dans les deux cas, on se fait violence et on perd l’énergie si précieuse pour rebâtir sa confiance.
Il est très important de prendre le temps de faire le point, se recentrer et se réapproprier ce qui peut l’être. Reprendre sa responsabilité, son pouvoir d’enfanter, de gagner, de vivre pleinement et consciemment son expérience. Faire la distinction entre SAVOIR et SENTIR…
Tout cela, lorsque l’on se sent prêt.
Chacun a des points à relier, des valises à déposer et des forces insoupçonnées! Aucune raison de s’en priver pour ensuite, aller le cœur libre et léger, vivre son épopée!?
Voici la naissance de Laurence
C’est la nuit du 28 juin. Comme depuis quelque temps déjà, j’ai des contractions. Mais, celles-ci m’ont réveillée à quelques reprises dès 1h00. Rien de bien intense, mais au matin, elles étaient toujours là. J’ai dit à papa d’aller au travail, que si les choses s’intensifiaient, je le rappellerais. De toute façon, j’avais rendez-vous à 11h00 avec la gynécologue, Dr. Goyet. Pendant tout le trajet, j’avais des contractions qui me semblaient irrégulières, parfois douces, parfois plus intenses.
À mon rendez-vous, je lui parle de mes contractions et de cette impression qu’il ne me reste plus grand temps avant de te rencontrer, quelques jours… Elle me demande si ça me rassurerait qu’elle examine mon col, ce qu’elle fait pour me dire que je suis à 7 cm. Je suis sous le choc!! Sept cm et aucune grande douleur, je suis à plus d’une heure de route de ton papa, ta grande sœur et ton grand frère sont avec moi… Je quitte la clinique pour aller à l’hôpital LaSalle, j’ai appelé papa et mes grands-parents pour qu’ils viennent chercher ton frère et ta sœur. Ils quittent l’hôpital comme papa arrive vers 12h30. Les vagues se ressemblent toujours, elles me semblent douces et je suis encore bien dans la réalité ce qui me surprend grandement. Cet accouchement est déjà bien différent du dernier!
Je discute de mon plan de naissance, mes choix sont très bien accueillis. Je vais donc marcher dans le couloir avec papa le temps d’avoir une chambre, on rit et discute. Il doit être environ 13h30; je fais un peu de monitoring sur le ballon puis on m’examine et je suis rendue à 8 cm presque 9 cm. Les deux dernières contractions sont soudainement bien intenses et heureusement on me dirige vers ma chambre, papa fait des compressions dans le bas de mon dos et ça me soulage un peu.
J’ai quelques contractions sur le ballon, puis des nausées, la tristesse et la panique m’envahissent. Je sais pertinemment ce qui se passe, mais je chuchote quand même à l’oreille de papa que j’aurais bien envie de prendre la péridurale. Il m’encourage et ça m’aide beaucoup! Il me dit de profiter de mes pauses pour me reposer. Je laisse tout aller, les hauts de cœur, la peine de mes fausses-couches… je me laisse porter. Puis vient l’envie de pousser un peu, au sommet de la contraction. Je dis en me mettant à quatre pattes sur le lit que ça pousse, l’infirmière appelle la gynécologue de garde qui ne peut pas venir, car elle est au bloc opératoire. Elle me demande d’attendre ce que je refuse, je lui dis que je pousse maintenant, ce sera donc la résidente qui assistera la naissance. Je fais 2 ou 3 poussées et les membranes se percent. Entre chaque contraction, j’ai peur de revivre la même longue période de poussée qui m’a finalement dirigé vers la césarienne à mon accouchement précédent. Mais depuis la toute première poussée, je peux te sentir juste là avec ma main, tu es si près et ça m’aide à nous connecter. J’ai eu besoin de te toucher pendant toute la poussée, ça me donnait une telle force. Je t’encourage à venir me voir, je relève une jambe, puis me tourne sur le dos et ta tête naît, ainsi qu’une grande quantité de sang qui éclabousse un peu partout.
À 14h49, en une quinzaine de poussées seulement, tu nais. Papa doit couper le cordon, car je fais possiblement un décollement placentaire. Je t’attrape et le placenta sort dans la minute qui suit. Tu as beaucoup de sécrétion et on craint que tu aies respiré du sang, mais tu vas bien et on te dépose sur moi. Il y a beaucoup de gens dans la pièce, une dizaine, qui tentent d’éviter l’hémorragie, puis on me fait quelques points.
Finalement, tout va bien et les saignements cessent rapidement, tu es calme et magnifique sur moi. Je suis restée sous le choc les heures qui ont suivi, c’était si rapide. J’ai l’impression d’avoir traversé toute l’intensité du vortex en une petite heure seulement. Je suis aussi extrêmement fière d’avoir réussi cet accouchement vaginal après deux césariennes. Je le savais qu’on l’aurait notre accouchement car, pendant toute la grossesse, on a, toutes les deux, tout mis en place pour que ça fonctionne! Cela m’a permis de vivre ta naissance naturellement.
Merci!
